HAITI: Jour 8 Festival à PAP
Réveil à 5h du matin pour prendre l’avion pour PAP. Dur dur ! On a rendez-vous à la réception avec Milena et Joël qui prennent l’avion avec nous mais aussi Nathalie qui a voulu se lever pour nous dire au revoir ! C’est bien-sûr difficile de se quitter et de quitter cette ville dans laquelle on se sentait si bien ! Une fois à l’aéroport j’essaie encore de tasser nos affaires dans les valises. On a beau distribuer à chaque fois du matériel musical, nos valises sont toujours aussi difficiles à fermer. Il faut dire qu’on a tous les blousons, inutiles ici mais indispensables à New York !
L’avion contient 20 places et le trajet ne dure que 20 minutes (contre 8h par la route).
Le grand bus du festival nous emmène dans l’hôtel de Pacot : le seul que j’ai choisi moi-même mais ça n’a pas été une réussite !
J’avais réservé un appartement. J’avais vu les photos sur internet ça avait l’air parfait. Au final, on arrive dans une cour toute en travaux avec des ouvriers partout. Une piscine transformée en mare : ça, ça ne nous dérange pas mais ça donne une idée de l’entretien général du lieu. Puis la dame nous annonce qu’elle a vu que j’avais modifié notre réservation par internet, et qu’elle a cru qu’on ne viendrait pas et a loué l’appart à quelqu’un d’autre ! En échange elle nous propose 2 chambres (avec un coin cuisine dégoûtant) qui donnent directement sur le chantier ! Bernard me dit « quand je pense que c’est toi qui a proposé cet hôtel à Milena ! Je ne reste pas ici ! ». Inutile d’insister! Nous voilà donc repartis. On va passer une bonne partie de la matinée dans les locaux de « Tour Haïti », partenaire du festival situé juste à côté, dans l’attente d’une solution. Milena ne parvient pas à trouver un hôtel correct qui ne soit pas hors de prix. Donc on décide de retourner dans la Guest House de Véniel à Delmas, c’est-à-dire à côté de l’aéroport où nous étions 4 ou 5 heures plus tôt ! Sur la route, nous nous arrêtons dans un supermarché pour trouver de quoi faire des sandwichs. Les prix sont les mêmes qu’en France mais on voit qu’ici c’est réservé à une élite. Des employés du magasin déchargent le caddy, chargent les sacs et les portent dans les voitures !
En arrivant chez Véniel on essaie de dormir un peu car on est de vrais zombis et on ne sait pas comment on va assurer ce soir ! Vers 15h on part pour faire la balance au Parc historique de la canne à sucre. Le problème c’est que les groupes vont s’enchaîner sur la scène principale jusqu’à 18h, l’heure de notre concert prévu lui sur une petite scène à l’entrée du parc ! Notre balance est donc réglée en 5 minutes. Pas simple, surtout que Bernard a des soucis avec un ampli, Sacha est toujours malade et Rachel a mal à la gorge mais veut à tout prix chanter qui à chanter faux !
Malgré tout, le public semble conquis ! Il y a le cousin Fito avec nous. Il est débout juste derrière nous, il prend la pause pour les photographes et lorsqu’Odenson lui demande ce qu’il fait planté là, il répond juste par un grand sourire ! Dès la fin du concert la responsable de l’Institut français vient nous féliciter. Heureusement pour elle, elle n’est pas allée voir Bernard qui ne serait pas gêné pour lui dire le fond de sa pensée. Pour la petite histoire c’est l’Institut français qui finance le voyage du groupe français qui participe au festival. Cette année elle a choisi Daniel Mille : très bon choix d’ailleurs ! Mais en 3 ans l’IF ne s’est jamais montré intéressé par notre groupe, sauf à partir du moment où ils ont appris notre présence en Haïti. Et à ce moment-là Milena leur a fait comprendre que c’était trop tard. Donc ça a été un peu tendu. Bien-sûr, moi j’arrondis les angles comme à mon habitude ! Bernard un peu moins !… Cette soirée me permet également de rencontrer toute l’équipe du festival dont Candice, la 1ère à s’être montrée intéressée par notre groupe il y a 3 ans, avant même l’arrivée de Miléna. Tout le monde est super sympa. Bien-sûr, ils sont tous contrariés par l’état de Sacha qui se reposait sur des chaises avant le concert et qui maintenant dort sur d’autres chaises dans la salle réservée aux musiciens. La clim est très forte et nous devons même le couvrir. Ils nous indiquent quels médicaments on doit acheter et ça nous sera bien utile puisque nos médicaments français ne fonctionnent pas…
Quant à nous, on profite du festival et on sympathise avec 2 chanteuses : une américaine, Sarah Elisabeth Charles et une canadienne, Julie Michels, même si notre anglais limite vraiment les conversations ! En tout cas on s’échange les CD. La soirée se termine avec Sandra Nkaké, 3ème groupe français mais cette fois choisi par le festival. Les commentaires fusent, entre ceux qui disent que ce n’est pas du jazz et ceux qui adore le show ! Puis les enfants réclament d’aller dormir. Seul Odenson veut à tout prix participer à la Jam Session organisée au Quartier Latin de Pétionville (le resto du 1er jour). Nous rentrons donc à 23h et lui à 2h30 du matin ! Comment a-t-il fait après une nuit de moins de 4h ? Mystère ! Toujours est-il que Bernard nous a raconté qu’il s’était éclaté toute la soirée avec des musiciens américains !
HAITI: Jour 9 Festival + orphelinat
Un chauffeur vient nous chercher pour une réception à l’Ambassade du Canada. On lui dit qu’on a un autre programme et que Milena est au courant. C’est sur, on va rater les petits fours au bord de la piscine mais on veut absolument aller à l’ancien orphelinat d’Odenson (même s’il a déménagé). Guesno, le responsable de l’orphelinat, vient nous chercher à 13h30. On se serre tous dans la voiture, instruments compris, direction Croix-des-Bouquets. On nous dit que c’est juste à côté, en réalité il y a 30 minutes de route. On découvre un orphelinat immense, tout neuf, en périphérie de la ville.
Là bas, il y a une équipe américaine spécialisée dans la recherche des enfants enlevés. Ils sont là pour Marjorie et Guesno dont le fils a été enlevé il y a 4 ans lorsqu’il avait 2 ans. Rien que d’y penser ça me glace le sang… Guesno nous apprendra que suite à cet enlèvement ils ont déménagé aux Etats-Unis car leurs autres enfants étaient traumatisés. Ils ne sont donc en Haïti que par intermittence… Les américains font décoller un robot télécommandé destiné à faire des photos et des films aériens. Mais suite à une rafale de vent, ils le perdent quelques secondes après le décollage ! Ils sautent dans des 4×4 pour partir à sa recherche mais ils reviendront bredouille…
Bernard et les enfants jouent quelques morceaux aux enfants de l’orphelinat (moi je ne peux pas car on n’a pas d’ampli de basse). Ils sont filmés par l’équipe américaine.
Quant à moi, je montre des photos de nos retrouvailles avec la famille haïtienne à Marjorie. Comme j’ai appris qu’Odenson avait une cousine de son âge qui avait été adoptée en France je lui demande aussi quelques informations. Après la musique, les garçons partent faire un foot et les filles vont câliner les bébés de la pouponnière…
Nous rentrons in extremis chez Véniel car le bus du festival doit nous récupérer vers 17h pour nous emmener sur le lieu du concert, à l’hôtel El Rancho de Pétionville. On découvre que c’est un hôtel de luxe et Sacha est en tongs de plage !
Les enfants écoutent les différents concerts allongés sur des transats au bord de la piscine, avec quand même un petit gilet car Piétionville est en altitude et il peut faire un peu frais le soir. Au programme : Daniel Schenker, Reginald Policard et Lionel Louéké Trio. On est content aussi de retrouver Daniel et Sylvin qui viennent d’arriver sur Port-au-Prince après un concert aux Gonaïves…
Avant la fin du dernier concert, on part au Garden Studio, le bar dans lequel aura lieu l’After de ce soir. Nous commandons à manger mais les enfants sont déjà tous fatigués. A minuit, lorsque la jam commence, les enfants sont déjà endormis sur les canapés.
On les réveille et bien-sûr ils réclament d’aller se coucher. On se lève donc pour partir. Là, il y a Don Braden, le super saxophoniste américain qui a accompagné la chanteuse canadienne Julie Michels qui arrête les enfants et qui leur dit « vous ne pouvez pas partir sans jouer avec moi ». C’est le monde à l’envers! Esther se laisse convaincre suivie d’Odenson et Rachel tandis que Sacha retourne dormir.
Après leurs 2 morceaux, les enfants quittent la scène en n’étant pas contents de leur prestation (forcément en tenant à peine debout). Et là ils ont la surprise de voir des spectateurs arriver, pourtant pas très nombreux ce soir, pour leur dire des phrases du type « vous êtes la révélation de la soirée, le coup de cœur du festival ! Merci 1000 fois » ! Comme quoi, on peut donner du bonheur au gens même quand on n’est pas au top ! Et tout le monde est déçu lorsqu’on annonce que c’était notre dernier soir à PAP. Certains étrangers nous disent « à bientôt en France », d’autres « à bientôt aux USA ». On a beau être contents de partir à Jacmel demain, c’est un peu dur de se dire que le festival va continuer et qu’on ne pourra plus en profiter. On quitte Miléna et Joël mais on espère bien se revoir un jour ! Je suis obligée de secouer Sacha pour qu’il se réveille. Il ne comprend même pas où il est et se rendort immédiatement dans le bus.